Ils prirent des pierres pour lapider Jésus

Vous pouvez écouter ou lire l’homélie du 03 avril 2020 sur les textes du jour en la communauté des Missions Africaines des Naudières à Rezé. 

Vendredi de la 5ème semaine de Carême

Pitié, Seigneur, car je suis en détresse ;

Tu es mon Dieu, mes jours sont dans ta main,

Délivre-moi de l’ennemi qui s’acharne.

La liturgie de ce jour commence par ces versets du psaume 30. On peut penser que Jérémie et jésus les ont sans doute priés au moment où ils étaient persécutés. Avec le psalmiste, ils ont dit à Dieu la détresse qui les habitaient et l’ont appelé à leur secours, mais ils lui ont dit aussi leur confiance, car ils savaient que leurs jours étaient dans sa main. Prions ce matin pour tous ceux qui sont aujourd’hui dans la détresse à cause de la maladie, mais aussi de la guerre, de l’exil, de la pauvreté, de la persécution. Avec tous ceux qui tremblent, demandons au Seigneur d’avoir pitié de nous.

Homélie

Le prophète Jérémie que nous rencontrons ce matin est une des plus belles icônes de Jésus. Lui aussi, il a été persécuté, car il annonçait le malheur qui allait s’abattre sur Jérusalem. On l’accusa de défaitisme, et on essaya d’attenter à sa vie. Victime de l’hostilité et de la trahison de ses propres amis, il se sent seul, abandonné de tous, comme plus tard Jésus dans sa passion. Dans cette solitude extrême qu’il ressent, son seul recours, c’est le Seigneur. Le Seigneur lui donne la force de rester debout et de résister : le Seigneur est avec moi comme un guerrier redoutable. Mes persécuteurs s’écrouleront. Au cœur de ses difficultés, il trouve la force de ne pas s’enfermer dans son malheur, mais de célébrer le Dieu qui délivre le pauvre du pouvoir des méchants.

Jésus, lui aussi, depuis le début de son ministère, connaît l’hostilité et la persécution. Dès son discours à la synagogue de Nazareth, on a voulu le précipiter du haut de la colline ; puis on a envoyé des gardes pour l’arrêter, mais ils n’ont pas osé, séduits par sa parole. Voici que ce matin, les juifs qui l’écoutent prennent des pierres pour le lapider. Car sa parole est pour eux intolérable : le Père et moi, nous sommes un ; ou encore, avant qu’Abraham fut, je suis. Ses œuvres témoignent pour lui, c’est vrai, et l’aveugle-né l’avait bien compris : a-t-on quelquefois entendu dire que Dieu exauce les pécheurs ? S’il m’a guéri, c’est donc qu’il vient de Dieu. C’est pourquoi, rencontrant de nouveau jésus, l’aveugle-né pourra lui dire : je crois, Seigneur, et il se prosternera devant lui.

Pourquoi Jésus est-il persécuté ? Les Juifs le lui disent clairement : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. Cela dépasse en effet la raison, et ce ne peut-être qu’un blasphème qui mérite la mort. Et les Juifs n’ont pas tort : c’est vrai, si un homme se fait Dieu, c’est qu’il a perdu la raison. Mais telle n’est pas notre foi de chrétien : Jésus n’est pas un homme qui a voulu se faire Dieu ; mais Jésus est d’abord le Verbe de Dieu, et le Verbe s’est fait chair.

Il est difficile le chemin de la foi. C’est seulement dans le mystère de sa Résurrection que les cœurs des disciples s’ouvriront. Mais il faudra d’abord que Jésus aille jusqu’au don de sa vie sur la Croix dans la confiance la plus totale comme Jérémie. Jésus le sait, et il comprend maintenant que l’heure est désormais venue pour lui de passer de ce monde à son Père. Il ne peut pas se dérober. Préparons à entrer avec lui dans la semaine sainte qui arrive. Amen

André Moriceau, sma