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La nouvelle paroisse porte le nom de Marcel-Callo, « missionnaire laïc »
Conséquences du remodelage du diocèse, les trois anciennes paroisses Saint-Laurent des Dervallières, Sainte-Jeanne d’Arc de la Contrie, et Saint-Thomas du Tillay, ne font plus qu’une. Elle porte désormais le nom de Marcel-Callo, déporté et mort en camp de concentration, victime de ses engagements. Sa vie a été retracée dimanche au cours de la cérémonie de rentrée, chaleureuse et fervente.
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Célébrée par l’abbé Gérard Epiard, en présence de cinq autres prêtre dont Bernard Hervouët, vicaire épiscopal, la fête a réuni 500 fidèles en l’église Sainte-Jeanne d’Arc. L’assistance a mêlé les générations dans une ferveur démonstrative : les moments de profond recueillement ont été entrecoupés par des chants à pleine voix, soutenus par un orgue, des guitares et une trompette.
La cérémonie était placée sous le signe de la pêche miraculeuse, symbolisée par un « optimist » doté de trois mâts représentant chacun une des communautés de la nouvelle paroisse, un autre bateau, plus grand, portant le nom de Marcel-Callo, qui vient de « prendre le large » et à qui tous ont souhaité « bon vent ». Un filet de pêche, aussi, « dans lesquel désormais tu prendras des hommes », a insisté l’abbé Bernard Hervoët , en commentant la célèbre parabole. Les enfants ont déposé dans ce filet des poissons qu’ils avaient dessinés, portant « des messages de paix, de respect, de partage, d’amitié, d’aide et de solidarité ».
Marcel Callo la référence
Temps fort de la cérémonie, le choix du nom de Marcel Callo a été justifié par Louis Boisseau qui a retracé la vie de « ce jeune homme, engagé, qui a témoigné de sa foi jusqu’à la fin de sa vie ». Né à Rennes en 1921, rapidement séduit par le scoutisme, il a milité au sein de la JOC dès qu’il est devenu ouvrier typographe.
Déporté en 1943 en Allemagne, au service du travail obligatoire (STO), il devient « un missionnaire laïc ». Repéré par les Nazis, il est enfermé dans le camp de concentration de Flosenbürg, « coupable d’avoir nui au régime nazi et au salut du peuple allemand ».
Il y est mort d’épuisement le 19 mars 1945, à l’âge de 24 ans, donnant jusqu’au bout « l’exemple héroïque des vertus chrétiennes ». Marcel Callo a été béatifié en 1987… à la demande de la communauté allemande, pour qu’il reste « une lumière » dans les mémoires et qu’il continue d’« inspirer la volonté d’annoncer l’Évangile à temps et à contre temps ».
Marcel Callo
Né le 6 décembre 1921, à Rennes, Marcel Callo est le second d’une famille de neuf enfants. Ses parents, d’origine rurale, s’installent dans la capitale bretonne après avoir trouvé un travail dans une usine de produits chimiques. Ils ont soin d’élever leurs enfants dans la tradition de l’Église.
Marcel se révèle malicieux, taquin, très affectueux et sait reconnaître ses torts. Déjà se manifeste son talent de meneur de jeu.
Son frère, l’abbé Jean Callo disait de lui : « Il était serviable, mais bougonneur et têtu ; un tempérament de chef. Sa foi chrétienne, il la doit à ses parents, moins par leurs discours que par leurs actes »
À 12 ans, il entre en apprentissage et prend à coeur son rôle d’aîné après le départ de son frère au séminaire. Il adhère à la croisade eucharistique. Puis il entre chez les scouts où il prend plaisir à observer la loi et à participer aux activités.
Par ailleurs, ses débuts dans l’imprimerie où il travaille comme typographe s’avèrent difficiles, l’ambiance y est pesante. Les ouvriers âgés se targuent d’initier les plus jeunes à des activités plutôt malsaines.
Malgré tous ces obstacles, Marcel devient rapidement un ouvrier compétent et honnête, apprécié de son contremaître et des jeunes apprentis qu’il protège. Son caractère entier n’aime guère les contradictions et les résistances, mais il en est conscient et s’efforce, toute sa vie durant, de gommer ses travers.
Il quitte le scoutisme, un peu à contrecoeur, pour entrer à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) où il tient à privilégier la vie spirituelle comme source de toute action, dans un monde ouvrier très déchristianisé. Devenu président de la section, il se dépense sans mesure pour assumer les responsabilités pratiques et surtout morales que cela implique.
« JOC des catacombes »
En 1940 les activités des associations sont officiellement interdites et les sections doivent agir dans la clandestinité ; on parle alors de « JOC des catacombes ».
En 1943, Marcel perd sa sœur dans un bombardement à Rennes et le soir des obsèques, se voit réquisitionné pour le STO (Service du Travail Obligatoire). Il est fiancé, et il hésite beaucoup sur son attitude face à la réquisition : se cacher au risque d’attirer des représailles sur les membres de sa famille, ou partir ? Marcel va prendre sa décision seul : il va partir au STO. Et il explique à l’une de ses tantes : « Je pars, non pas comme travailleur, mais comme missionnaire ». Arrivé en Allemagne, en Thuringe, il vit deux mois de cafard intense, puis il décide de réagir : « Le Christ me fit comprendre que je devais m’occuper des autres ».
Marcel Callo était responsable JOC de la Thuringe du Nord. L’objectif était de créer dans chaque camp un groupe d’Action Catholique avec un service social et un service loisirs et aussi de mettre en place des cercles d’études, souvent au bout des baraquements du camp, d’organiser des journées d’études et des récollections, des séances de prières et des rencontres avec les aumôniers.
Mais le 15 août 1943, l’aumônier dit à tous les responsables de faire attention parce qu’ils sont repérés par les nazis. Il leur demande de retirer leurs insignes de jociste. La mission devient alors périlleuse, et comme le dit Emile Picaud, responsable JOC de la Thuringe du sud « pour nous soutenir contre le découragement, les responsables décident que chaque jour, chaque midi, à 13h, chacun récitera une prière, jociste ou autre, pour marquer notre union spirituelle. »
Marcel est arrêté le 16 avril 1944 et condamné à la prison. En septembre 1944, il est expédié au camp de concentration de Mauthausen sous le motif: « par son action catholique, il s’est rendu nuisible au régime nazi et au peuple allemand ».
Jusqu’à la fin, Marcel Callo a lutté pour conserver sa dignité, en essayant toujours de réconforter les autres. Souffrant terriblement de l’estomac, il meurt le 19 mars 1945. Et les derniers instants de Marcel nous sont connus par le témoignage d’Albert Tibodo : « son regard exprimait quelque chose d’inexprimable : on ne pouvait imaginer un tel regard en un tel lieu ». Et Albert Tibodo recueille ses derniers mots : Callo … Marcel… Rennes … »
Le rayonnement posthume de ce jeune breton ayant rejoint le Christ à 24 ans est immense, notamment chez les catholiques allemands qui l’associent d’emblée à Edith Stein ou Maximilien Kolbe. L’exposition succincte qui nous est présentée dans le fond de l’église nous montre qu’il n’a pas fallu attendre sa béatification le 4 octobre 1987 pour que partout dans le monde Marcel Callo reste vivant. En effet, un certain nombre de ces informations nous ont été communiqué par Mme Rose-Marie Pabel, allemande de la région de Francfort, qui fut vice-postulatrice pour la béatification de Marcel Callo, qui était déjà venu à l’inauguration de l’Ecole Marcel Callo de la paroisse Jeanne d’Arc en 1962, qui n’a pu être des nôtres aujourd’hui et qui compte bien venir en 2004 nous parler de son rayonnement. Tout d’abord en Allemagne où l’on dénombre 5 maisons de la jeunesse, 5 mouvements scouts, 4 mouvements d’action catholique, 1 paroisse, une maison d’handicapés qui portent le nom de Marcel Callo, En France ou il y a maintenant 4 paroisses, une église, 2 écoles primaires, un lycée professionnel, des centres d’accueil qui portent également le nom du Bienheureux Marcel Callo et il existe bien d’autres statues, photos, stèle, livres, mouvements, en Autriche, en Hongrie, en Grande Bretagne, aux États-Unis et au Canada.
Lors de sa béatification, le pape Jean-Paul II disait : « Marcel Callo, que j’ai la joie de déclarer Bienheureux, n’est pas arrivé tout seul à la perfection évangélique. Une famille modeste, profondément chrétienne, l’a porté. Le scoutisme, puis la JOC ont pris le relais. Nourri par la prière, les sacrements et une action apostolique réfléchie lui ont permis de construire l’Église avec ses frères, les jeunes travailleurs chrétiens. C’est en Église que l’on devient chrétien, et c’est avec l’Église que l’on construit une humanité nouvelle. »
« Le message vivant délivré par le jociste Marcel Callo nous concerne tous. Aux jeunes travailleurs chrétiens, il montre le rayonnement extraordinaire de ceux qui se laissent habiter par le Christ, et se donnent à la libération intégrale de leurs frères. »
« À nous tous, laïcs, religieux, prêtres ou évêques, il relance l’appel universel à la sainteté ; une sainteté et une jeunesse spirituelle dont notre vieux monde occidental a tant besoin pour continuer d’annoncer l’Évangile « à temps et à contretemps ! »
Marcel Callo, c’est la jeunesse de la communauté de Saint-Thomas,
Marcel Callo, c’est les sections JOC de Sainte-Jeanne d’Arc,
Marcel Callo, c’est l’ouverture au monde de Saint-Laurent,
Marcel Callo, c’est notre nouvelle paroisse.
Le 5 octobre 2003
L.Bousseau.